Madeleine Vionnet, ma mère et moi

de Madeleine Chapsal

Quatrième de couverture :

Madeleine Vionnet, ma marraine, et Marcelle Chaumont, ma mère, ont créé et dirigé la plus grande maison de haute couture d'avant-guerre, à Paris. Elles m'ont éduquée dans le luxe, mais aussi l'exigence. Je devais exceller en tout, à l'école, aux cours de maintien, dans mon apparence. À leur image... Dès mes trois ans, j'ai assisté aux collections et peu à peu j'ai pris conscience de la grandeur de ce travail accompli par une ruche de douze cents employées, dans une discipline quasi militaire, pour créer et reproduire plus de mille modèles par an. Reste que je ressentais la futilité de ce monde aujourd'hui disparu. Une femme ne valait-elle que par ce qu'elle portait ? Ces chiffons sublimes pouvaient-ils consoler certaines d'avoir dû renoncer à un métier, à une vocation, à leurs rêves d'autonomie ? Derrière cette coûteuse élégance se menait en sourdine un combat. C'est cette histoire ambiguë de femmes en marche vers leur libération, d'une mode à l'autre, que j'ai voulu raconter. J'en fais partie." Madeleine Chapsal.

Mon avis :

J'ai été enchantée par cette lecture, si belle, si émouvante, si nostalgique. Le récit est court (247 pages), organisé en chapitres chronologiques où la narratrice nous évoque ses souvenirs de petite fille avec son exceptionnelle marraine jusqu'à la mort de celle-ci. Il y a beaucoup de tendresse dans ce livre, mais aussi une farouche volonté de laisser une trace écrite de la grande dame que fut Madeleine Vionnet pour la haute couture et redonner les galons à sa mère, Marcelle Chaumont, malheureusement pas connu car dans l'ombre. Moi qui m'intéresse à la mode ancienne, notamment en chinant des vieux magazines dans années 20-30, j'ai adoré les deux carnets de photos intégrés au milieu de l'ouvrage. Du papier glacé et des photographies de très bonne qualité qui plus est.
La maison Vionnet naît pendant l'entre-deux guerres, les années folles. Les clientes étaient nombreuses dès le départ : la Première guerre mondiale les avait contraintes à travailler et donc à comprendre qu'elles pouvaient acquérir une certaine indépendance. Car la réelle invention de Madeleine Vionnet et Marcelle Chaumont a été de désentraver les femmes des corsets et de laisser le corps respirer.
Au fond, ce livre nous évoque une époque révolue où les femmes cherchaient à être les plus élégantes possibles. Chaque sortie était l'occasion de se faire belle. Il montre aussi qu'il ne faut pas considérer les vêtements comme inutiles : ils sont nécessaires à l'épanouissement des femmes quoiqu'on en dise.

Remerciements :

Je tiens à remercier de tout mon cœur l'équipe de Livraddict et les éditions Michel Lafon pour cette magnifique découverte !