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Le boudoir littéraire
24 janvier 2012

Eroticortex - Thierry Maugenest

Eroticortex

Quatrième de couverture :

La révolution scientifique est en marche. Le professeur Carrington, nobélisable en puissance et grand manitou du laboratoire Lanxis, vient de découvrir l’aire de Dieu à l’intérieur du cortex. Cet homme est l’archétype du scientifique illuminé, capable de repousser les limites de la connaissance au-delà même de ce qu’on peut imaginer. Et bien sûr, tout cela sans se préoccuper ni d’éthique ni des conséquences parfois désastreuses que peuvent entraîner ses expériences.En attendant, si Dieu est dans le cerveau, Dumbleton est capable de supprimer Dieu du cerveau. Et c’est ainsi que des religieux deviennent de farouches athées et que des mécréants se transforment en grenouilles de bénitier. La thèse du professeur est simple : tout, absolument tout, est dans le cortex de l’homme. Et c’est le cortex qui a crée Dieu.Très vite Carrington , ayant maîtrisé l’aire de la religion, se préoccupe d’amour, ou plutôt de sexe. Et là encore, en agissant sur certaines zones du cerveau, il provoquera des catastrophes.Le laboratoire est menacé par des opposants à ses théories, qui veulent l’immoler. 
À l’intérieur même du labo, la révolte gronde. D’autant que ce « professeur maboule » n’est pas à l’abri des sentiments et qu’il se pourrait que l’amour qu’il porte à sa belle assistante, Ayumi Hatsumo, le mène à sa perte.

Mon avis :

Jusqu'où la recherche scientifique peut-elle aller ? Y a-t-il des barrières morales à ne pas franchir ? Les laboratoires pharmaceutiques, sous couvert de leur toute-puissance financière, peuvent-ils tout acheter et tout tolérer ?
Dans un livre d'humour noir à la forme originale, Thierry Maugenest nous plonge dans le laboratoire Lanxis où officie une sorte de savant fou, spécialisé dans les neurosciences.

Albert Carrington est un savant reconnu qui effectue des recherches sur le cortex et les aires qui le composent. Son but ? Contrôler toujours plus l'esprit humain, en faisant croire à tout un chacun, par le biais de la presse, que ses recherches seront un jour salutaires pour l'homme. Entourer d'une équipe de scientifiques, il est secondé notamment par une certaine Ayumi Hatsumo qui ne le laisse pas indifférent.
Les travaux menés impliquent des expérimentations et donc des cobayes humains. Cet aspect du livre est très intéressant puisque l'auteur nous démontre bien qu'Albert Carrington se croit tout permis du fait de l'important dédommagement financier que le laboratoire offre à ces testeurs. Mais l'argent peut-il tout acheter ? En définissant les émotions et les particularités humaines comme des maladies, ce savant fou justifie ses dérives. Dans le roman, il découvre l'aire de Dieu dans le cortex, puis l'aire de la bêtise et celle de l'amour et la sexualité. En envoyant des décharges électriques, il transforme un moine bouddhiste en acteur de films pornographique, un "con" en mathématicien de génie puis il détruit le sentiment amoureux chez un jeune couple de tourtereaux. 
Sous couvert d'un humour (noir) grinçant, l'auteur dénonce un système scientifique dont les ficelles sont tirées par les laboratoires pharmaceutiques, où la question morale est parfois bafouée en prenant l'excuse de la science.

L'originalité du livre tient à deux aspects :
- Le thème du livre ainsi que le choix de le traiter avec humour.
- Et surtout la forme stylistique choisie par l'auteur. Et là, le lecteur se retrouve dans une configuration que je n'avais, personnellement, jamais rencontrée dans mes lectures par le passé. Le livre alterne des passages de courts dialogues entre individus travaillant au sein du laboratoire Lanxis, et des articles de presse fictifs. Ces articles ont la forme réelle d'une page de journal ou de magazine (à la manière d'illustrations insérée dans l'histoire). Le lecteur a l'impression d'être plongé au milieu de commérages internes lors des dialogues puis en spectateur externe en lisant les articles de presse. 

Concernant les personnages, l'auteur ne cherche en aucun cas un quelconque attachement entre le lecteur et un ou plusieurs personnages. Les seuls dont le lecteur connaît les noms sont Albert Carrington et son assistante  Ayumi Hatsumo. La prouesse est de ne jamais les faire parler : ce qu'on entend d'eux ne font que des on-dits ou bien des informations ou interviews relayées par la presse. Ainsi, ils n'ont pas de profondeur et de caractéristiques très précises.
Concernant les individus dialoguant, il n'y a jamais de mentions de leur nom ou de leur fonction dans le laboratoire.

En conclusion, je dois dire que j'ai apprécié ce livre dans l'ensemble, notamment par le message qu'il transmet mais aussi par la forme utilisée que j'ai vraiment beaucoup aimé, et qui en fait un livre hors-normes au sens propre du terme.

Remerciements : Je remercie chaleureusement les éditions JBZ et cie ainsi que le site Newsbook pour m'avoir permis de découvrir ce livre !

JBZ_et_cie
Newsbook

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Commentaires
L
je viens de le terminer, d'accord avec toi pour la forme et la réflexion que ce roman fait naître mais moins emballée que toi.
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