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Le boudoir littéraire
18 novembre 2011

Les morts le diront - Christophe Garda

Les_morts_le_diront

Quatrième de couverture :

« Andreï, (…) si tu veux me dire quelque chose d’important, mon vieil ami, et ce doit être important pour que tu viennes me chercher dans mon lit au milieu de la nuit, alors je t’écoute…
— Je veux me remettre à sculpter, Viktor, et j’ai besoin de toi.
— Te remettre à sculpter ? C’est assez incroyable comme nouvelle. C’est une idée formidable. Seulement, je ne comprends pas. Tu as besoin de moi au milieu de la nuit pour ça ? Il y a autre chose, non ? »

Roman de l'amour et de l'amitié sur fond de Printemps de Prague, dont les marques indélébiles détermineront le destin d'une bande de copains.

Mon avis :

Un roman qui regroupe des histoires d'amour, des histoires d'amitié, une réflexion sur l'Art et un récit historique, ce n'est pas évident à trouver. Et pourtant je l'ai trouvé avec Les morts le diront de Christophe Garda.
Premier roman de l'auteur, je peux d'ores et déjà vous annoncer qu'il s'agit pour moi d'un coup de coeur. J'ai ressenti beaucoup d'émotions à la lecture de ce livre, dont le style est excellent.

Le lecteur suit deux personnages principaux : Viktor Marek et Veronika, un couple d'une soixantaine d'années. Viktor est propriétaire d'une galerie d'art à Genève où il vit, ainsi qu'à Paris et New-York. Une nuit, il est réveillé par son téléphone. Au bout du fil, Andreï Zerkin, son ami de toujours, avec qui les relations sont devenues houleuses et qu'il a fini par perdre de vue. Andreï lui annonce qu'il va bientôt mourrir. Sculpteur anciennement célèbre, il souhaite accomplir sa dernière oeuvre et pour cela, il demande à Viktor de lui trouver quatre modèles féminins.
Ce contact avec Andreï et cette annonce funeste va amener Viktor mais Veronika à replonger dans leurs souvenirs. Notamment ceux de la bande de copains qu'ils étaient à l'époque de leurs vingt ans : Viktor, Andreï, Veronika, Anna, Tadeusz, Bohuslav, Janek et Andrea. Le lecteur se retrouve projeter en 1968 à Prague, en pleine insouciance et libération sexuelle. Mais 1968, c'est aussi l'entrée des chars russes et le Printemps de Prague, avec toute la violence que cela a engendré. Le lecteur découvre la désillusion qui va prendre le pas sur l'idéalisme de la jeunesse. Les guerres séparent les individus. Viktor et les autres n'échappent pas à la règle.
Que sont-ils devenus ? On apprend, à mesure que les souvenirs reviennent à Viktor et Veronika, le destin de cette petite bande. 

Dans ce livre, l'amour et l'amitié ont une place importante, on le dévine. L'auteur fait preuve d'une plume excellente pour décrire les émotions et les personnalités de chacun de ses personnages. Malgré les défauts et les excès, ils ne les jugent pas, ce qui fait que le lecteur peut les apprécier chacun pour ce qu'ils sont.
Viktor Marek est un personnage qui m'est apparu comme réservé, posé, travailleur et rêveur. Je l'ai juste adoré ! Sa compagne Veronika est indépendante, amoureuse, un peu torturée par ses secrets aussi.
Andreï, quant à lui, on découvre sa personnalité au travers des amis qui l'on connu. D'ailleurs, Viktor a une jolie façon de voir les choses : selon lui, personne ne peut connaître entièrement un individu. Chaque ami connaît une parcelle de cet individu.

Dans ce livre, il y a aussi une réflexion très intéressante sur l'Art. D'une part sur la relation entre l'artiste et le marchand d'art (ici le galeriste) ; d'autre part sur la recherche de la Beauté et de la Vérité dans l'oeuvre d'art. Et l'oeuvre d'art ici est représentée par la sculpture. Andreï tente d'exorciser ses démons et ceux de la société au travers de l'acier notamment. Mais la sculpture, ce sont aussi des modèles. Modèles qui se donnent à l'artiste et qui dévoilent ainsi une part de leur personnalité. L'auteur nous transmet tout cela avec une habileté certaine.

Mais qu'en est-il du titre, "Les morts le diront" ? Ces morts sont ceux qui influent sur nos vies malgré leur absence. Qui, par leur souvenir, nous encouragent à agir d'une façon ou d'une autre, à prendre des décisions. 

Il est étonnant de constater qu'il s'agit d'un premier roman tellement il semble complet et parfaitement maîtrisé. Il s'agit de ces livres que l'on aimerait ne pas avoir lu afin de pouvoir encore les découvrir. Je recommande absolument.

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